Pouvoir réciter son poème, se produire sur une scène, faire un exposé, passer un entretien de stage … en toute sérénité. Garder l’esprit clair et ses moyens afin d’être juste, pertinent, efficace, authentique.
Un rêve pour beaucoup d’élèves et d’étudiants.
Or, lorsque nous pensons à cette exposition à venir, nos entrailles se retournent. Nous imaginons ce qu’il pourrait arriver de pire. Nous doutons de notre capacité à avancer, à réussir.
Paralysés par la peur, nous souhaitons juste fuir, nous cacher, abandonner pour éviter une mort sociale supposée.
La peur a-t-elle une utilité ?
Tout est une question de dosage.
La peur a gardé l’espèce humaine vivante, depuis des milliers d’années …
Mais a-t-elle encore une utilité alors qu’il y a peu de chance que l’on perde la vie en récitant son poème ou en se plantant à un entretien ou une khôlle ?
L'avis de Cynthia Fleury
Noëlle Bréham accueillait le 29 août 2021, la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury dans l’émission Les P’tits Bateaux pour répondre à la question d’une jeune auditrice, à propos de la peur.
Je m'appelle alice, j'ai 8 ans
et je voudrais savoir à quoi ça sert d'avoir peur ?
J’ai voulu partager la réponse de Cynthia Fleury avec vous pour amener à la conscience de certains, à quel point les émotions sont utiles, même les émotions désagréables dont nous voudrions nous débarrasser à jamais.
1/ Signal d'alarme pour se protéger
D’abord, la peur sert à nous protéger des dangers, des menaces. La peur effectue un travail de vigie, au sens de vigilance, grâce à notre instinct de conservation.
Notre premier travail en tant qu’être humain, c’est de conserver notre être, de rester en vie. Donc la peur, c’est d’abord une pulsion de vie : « je me protège et je comprends ».
La peur est une émotion absolument déterminante pour se protéger où s’entremêlent émotion et neurobiologie.
Et sinon ?
Dans les faits, un être qui n’a pas peur est en danger. Parce qu’il ne peut pas se protéger, anticiper les attaques extérieures, etc.
2/ Savoir dépasser sa peur pour évoluer
En revanche, si l’individu reste constamment dans sa peur, alors c’est un autre danger.
Parce que la vie, c’est de la peur pour se protéger mais la vie c’est aussi prendre des risques.
Prendre un risque, c’est attraper certaines peurs et y faire face en se disant « ces peurs là je vais les dépasser ».
Parce que la vie est aussi une part de création, une part d’inattendue. Et donc il faut que l’individu prenne le risque de vivre des expériences.
« Je ne connais pas tout. La vie est incertaine et donc je ne peux pas tout maîtriser. »
En grandissant, en étant accompagnés face à la peur, nous apprenons, nous expérimentons. Ce qui nous fait passer d’une peur protection, qui a plutôt une tendance à nous conserver dans notre être, à une peur à dépasser qui nous fait évoluer. C’est l’expérience du courage.
Je rappelle qu'il n'y a pas de courage sans peur.
La peur est absolument nécessaire pour avoir du courage.
Bénéfice ?
A partir du moment où nous dépassons notre peur, nous pouvons continuer notre vie et découvrir des choses. Sinon nous ne découvririons rien.
3/ Trouver l'équilibre entre conservation et épanouissement
Alors comment sait-on quand prendre sa peur en considération et quand l’affronter ?
Mon Dieu, donnez-moi
la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer,
le courage de changer celles que je peux changer et
la sagesse de distinguer les premières des secondes.
Nous avons toute la vie pour découvrir cette grande action du discernement entre une juste peur, qu’il faut garder parce qu’elle est protectrice, et puis une peur mortifère.
Mortifère, au sens de ‘qui nous amène vers la mort’ en nous poussant à ne plus rien faire. Là où nous ne sommes plus dans la pulsion de vie, de découverte, d’apprentissage, d’inattendu, etc. C’est par ce mécanisme que nous nous refermons et devenons tout rabougris.
La vie porte aussi un sens d’expérience, de culture, d’intelligence, d’ouverture aux autres.
4/ La peur est subjective
C’est toujours intéressant de discuter avec notre entourage, en leur demandant « mais toi de quoi as-tu peur ? » .
Cela mène à se rendre compte que certains de nos camarades ont peur de choses dont nous n’avons pas peur.
Donc la peur est aussi une affaire subjective. Car nous n’avons pas tous peur de la même chose.
Ainsi nous pouvons utiliser l’expérience des autres pour nous dire « mais cette peur, je vais essayer de la traverser parce qu’elle va me permettre de grandir, d’évoluer ».
Sinon nous nous enfermons nous-mêmes.
Car au lieu de se conserver, comme nous pourrions le croire, la réalité est que nous nous amoindrissons.
Ressources
Voici l’épisode en replay
Passons à l'action
Défi - Challenge
Dépasser sa peur ne veut pas forcément dire ‘se faire violence pour y parvenir’. En se poussant sans réflexion, nous nous maltraitons.
Face à votre peur, je vous propose de prendre un papier et un crayon et de créer un tableau à deux colonnes.
Dans la première colonne, notez les différents points qui vous font peur dans la situation que vous anticipez.
Dans la deuxième colonne, notez face à chaque élément de la première colonne, la stratégie que vous adopterez si ce que vous supposez arrive.
L’écriture permet d’arrêter de faire des boucles de réflexion sans issu. Et envisager la situation, en mode solution, nous rend plus acteur. C’est ce qui nous fait sortir de notre ‘mode victime’. Et la dilution de cette impuissance finit par nous rassurer.
Pour résumer
1/ Signal d'alarme pour se protéger
2/ Savoir dépasser sa peur pour évoluer
3/ Trouver l'équilibre entre protection et épanouissement
4/ La peur est subjective
Entrainement
Que vous plairait-il ?
Si le sujet de la peur vous intéresse, nous pourrions l’aborder plus en détail :
- Cesser de repousser ma peur, mais l’accueillir,
- Quel est le besoin derrière ma peur ?
- Dépasser ma peur pas à pas,
- etc
N’hésitez pas à me dire, en commentaire, quels aspects de la peur, vous voudriez que je traite.
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Intention
Observer combien la peur permet de trouver un équilibre personnel entre conservation et épanouissement si elle est accompagnée de discernement.
Cheminement de l'article
- La peur a-t-elle une utilité ?
- L'avis de Cynthia Fleury
- 1/ Signal d'alarme pour se protéger
- 2/ Savoir dépasser sa peur pour évoluer
- 3/ Trouver l'équilibre entre conservation et épanouissement
- 4/ La peur est subjective
- Ressources
- Passons à l'action
- Résumé
- Que vous plairait-il ?
- Partagez
- Sources
Qui est
Cynthia Fleury ?
Cynthia Fleury est une philosophe et une psychanalyste française.
Elle est professeur titulaire de la chaire Humanités et Santé au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM).
Elle est aussi professeur associé à l’École nationale supérieure des mines de Paris (Mines-ParisTech).
Et elle dirige également la chaire de philosophie à l’hôpital Sainte-Anne du GHU Paris psychiatrie et neurosciences.
De plus, Cynthia Fleury est membre du conseil d’administration de l’ONG Santé Diabète.
Elle a auparavant enseigné la philosophie politique à l’American University of Paris, et a été chercheuse au Muséum national d’histoire naturelle.
par Wikipédia
Cynthia Fleury a notamment publié :
Les Pathologies de la Démocratie (Fayard, 2005)
La Fin du courage : la reconquête d’une vertu démocratique (Fayard, 2010)
Les Irremplaçables (Gallimard, 2015 puis 2018)
Dialoguer avec l’Orient : retour à la Renaissance (PUF, 2003 puis CNRS éditions, 2016 et 2019)
Le soin est un humanisme (Gallimard, 2019)
Ci-gît l’amer. Guérir du ressentiment (Gallimard, à paraître le 01.10.2020). Avec cet ouvrage, Cynthia Fleury poursuit son travail autour de l’individuation et de l’État de droit, entamé avec Les Pathologies de la Démocratie, La fin du courage, Les irremplaçables et Le soin est un humanisme.
Qu'est-ce que
Les p'tits bateaux ?
Jeunes (et moins jeunes !) peuvent poser toutes les questions possibles et imaginables
au 01 56 40 43 57…
Et l’équipe trouve des spécialistes passionnés et passionnants pour y répondre.
Sources
- Podcast - Les petits bateaux du 29/08/2021 - La peur, la méduse, le progrès et la clé
- Vidéo -
- Site Web -
- Article -
Grâce à son blog et aux réseaux sociaux, elle partage chaque semaine des outils, pour comprendre et utiliser les mécanismes cognitifs, dont parents et jeunes se saisissent pour créer une scolarité plus inspirante et épanouissante
