Votre fils/fille pense qu’il/elle doit changer pour être accepté/e par ses ‘ami.es’.
Comment l’accompagner à trouver sa place parmi ses pairs ?
Nous prenons le problème à l'envers depuis des générations.
La fascination d'Anna, 13 ans.
La mère d’Anna s’inquiète.
Chaque jour, sa fille a une nouvelle façon de dire les choses, de s’habiller, de réagir. Anna semble mettre de coter des valeurs auxquelles elle tenait depuis longtemps. Sa mère peine à la reconnaitre.
Quand la mère en parle à sa fille, Anna lui explique qu’elle est très heureuse d’être la nouvelle amie de Lola. Lola est tellement formidable !
Anna lui confie cependant qu’elle a une peur bleue de perdre cette nouvelle amitié.
Ce qui gâche le plaisir, c’est qu’Anna a l’impression de dénoter par rapport aux autres amies de Lola. Elle a beau se dire qu’il y a bien une raison pour laquelle Lola l’a choisie, c’est plus fort qu’elle.
Alors pour ne pas perdre Lola, Anna a décidé de ressembler un peu plus aux standards supposés de Lola.
La mère d’Anna voudrait trouver les mots pour expliquer à sa fille qu’elle s’épanouira plus facilement si elle accepte de prendre le risque d’être elle-même avec ceux qui comptent pour elle.
Quels étapes pour avancer sur son positionnement par rapport aux autres ?
Dans la situation où le jeune souffre de se comparer aux autres, l’enjeu est de :
- Comprendre pourquoi le cerveau fait ça.
- Saisir ce qu’est une relation de qualité.
- Décider d’être dans sa propre équipe.
- Développer son propre charisme.
- Trouver l’inspiration en regardant les autres.
1/ Pourquoi le cerveau d'Anna fait-il cela ?
1- Si cette personne est mieux que moi sur ce point,
2- alors elle a plus de valeur que moi au sein du groupe,
4- le groupe la favorisera par rapport à moi.
3- Si ça tourne mal, j'aurai accès à moins de ressources voire le groupe m’exclura.
5- Donc je me sens en danger ou je me sens lésée.
2/ Qu'est-ce qui fait la qualité d'une relation ?
Pour désamorcer le mécanisme de la comparaison, il est nécessaire d’évaluer l’efficacité réelle de cette stratégie.
Quand Anna côtoie Lola et :
- se pose des questions,
- s’inquiète de ce que feraient les autres amies de Lola,
- questionne ses propres sujets d’intérêt pour les remplacer par ceux d’une autre,
- doute de ses capacités ou de ses qualités en comparaison avec celles d’une autre personne,
- se sent incertaine, pleine de doute sur sa propre valeur,
comment Anna aborde-t-elle sa relation avec Lola ?
Comme interagit-elle avec son amie ?
Qu’est-ce qu’elle s’autorise à faire, à dire, à montrer ?
Qu’est-ce qu’elle cache, corrige ou transforme ?
Lorsque nous venons à une relation avec l’idée que ‘nous ne sommes pas assez’ (idée sous-jacente derrière la comparaison), la plupart du temps cela fait obstacle à l’authenticité et à la connexion profonde avec la personne.
Ce déficit d’authenticité est un danger, un risque, bien plus grand, qui pèse sur la qualité et la longévité de la relation entre Anna et son amie.
D’autre part, dans le meilleur des cas, si Lola s’attache vraiment à Anna dans ces conditions, alors Anna aura le sentiment d’être aimée pour qui elle n’est pas. Anna ne pourra pas ressentir, dans cette relation, la satisfaction et la sécurité profonde d’une amitié sincère et sans condition.
Dans ces conditions, beaucoup finissent par avoir toujours en tête qu’ils sont une imposture et donc loin d’être digne d’amour.
3/ S'assurer un auto-soutien indéfectible
Pour construire une relation extérieure authentique et profonde, encourageons Anna à s’intéresser d’abord à sa relation intérieure, à sa connexion avec elle-même.
L’antidote ultime aux méfaits d’une certaine comparaison est de cesser l’auto-maltraitance !
Nous sommes parfaitement imparfaits, à notre façon, uniques et singuliers.
L’enjeu ici est qu’Anna développe un regard sur elle, dans lequel elle pense qu’ELLE EST ASSEZ (même dans l’hypothèse où Lola la trouverait trop ceci ou pas assez cela).
Le travail de chaque jour, heure, minute est de construire une relation intérieure où :
- les sujets auxquels elle s’intéresse,
- ce qu’elle choisit de faire,
- la façon dont elle le fait,
sont parfaitement à la hauteur, puisqu’ils sont à 100% Anna.
La clef est de nous assurer, toujours à nous-mêmes, notre soutien indéfectible !
Il ne s’agit pas de se regarder le nombril pour s’auto-congratuler baignant dans nos faiblesses mais de rester dans notre propre équipe, solidaires et fiers de notre capacité à évoluer quoiqu’il arrive.
Cette assurance intérieure, pour la plupart d’entre nous, a besoin d’être construite. C’est elle qui permet ensuite de s’affranchir durablement de la comparaison toxique avec les autres.
Solange te parle aborde cette notion de relation avec soi-même dans le processus de création.
Un épisode touchant et sans fard qui par effet de miroir nous interroge sur la maltraitance et l’auto-censure que nous nous infligeons, souvent sans nous en rendre compte.
L’universalité de la peur de mal faire ou être.
Sommes-nous otages de nous-mêmes ?
Quelles sont les voix que nous avons internalisées et qui ont cristallisé notre impuissance ?
Internaliser cette violence nous protège-t-elle, encore ?
4/ Vibrer qui nous sommes vraiment - Charisme
L’enfant a l’habitude de se construire dans le regard de ses parents, puis de ses amis. Il utilise la mimétisme pour apprendre les usages et développer de nouvelles facultés par l’exemple.
L’adulte garde bien sûr une certaine préoccupation de la façon dont il est perçu socialement, pour s’ajuster au mieux dans la société.
Pourtant qui nous attire, en général ?
Les personnes qui s’assument dans leur singularité, qui endossent sans complexe leurs choix et leurs particularités, sans honte.
Qui de plus attractif qu’une personne qui construit sa vie sur mesure, quitte à dépasser ses limites et celles de la société ?
La dizaine après environ 12 ans est justement une période sensée être un point de basculement entre la préoccupation du regard de l’autre et la capacité à aller chercher ce qui nous correspond personnellement.
Mal guidés, beaucoup d’adultes ont d’ailleurs un mal fou à inverser la tendance.
Voilà pourquoi nous prenons la relation sociale à l'envers depuis des générations.
Au lieu de changer pour nous faire accepter dans un groupe, difficilement accessible, traçons notre propre sillon, égaillons notre vie à nos propres couleurs !
A partir du moment où nous déposons les masques, que nous acceptons d’explorer ce qui résonne en nous, forces et faiblesses, alors nous attirons des personnes qui vibrent aux mêmes valeurs que nous.
Ce n’est rien d’autre que le charisme !
Nous devenons cette personne attractive, pleine de charme qui fascine les autres.
La plupart des personnes qui viennent alors à nous, nous comprennent mieux, nous estiment mieux, nous aiment mieux. Il est alors plus aisé de construire ensemble sur des bases partagées.
Concrètement ?
Si Lola finit par rejeter Anna parce qu’elle n’est pas conforme à ses attentes, alors c’est que Lola ne correspond pas à Anna. Anna perd simplement du temps à vouloir poursuivre au lieu de s’interroger sur ce qui l’enthousiasme vraiment et de se mettre en action.
Aucun égo là-dedans, juste de la logique : ce fut une expérience de laquelle tirer des enseignements précieux puis passer à autre chose avec un gain de clarté.
5/ Mettre à profit ce phénomène de comparaison pour toucher l'inspiration
Nous avons vu que dans tous les domaines où nous nous comparons aux autres, nous pensons, au fond, que nous ne sommes/n’avons pas assez.
Pour dépasser ce sentiment désagréable, il est courant d’essayer de nous rassurer en :
- évitant soigneusement la personne avec qui nous nous comparons,
- nous disant que cette personne a bien d’autres problèmes,
- nous convainquant que ce qu’elle a ne fait pas le bonheur.
Ainsi nous tentons simplement de faire taire le messager : ce sentiment d’envie ou de jalousie, qui tente pourtant d’attirer notre attention sur le fait que nous ne sommes pas alignés avec ce que nous avons, sommes ou vivons.
L’idée n’est pas de se complaire dans l’immobilisme ou la médiocrité, ni de nous laisser éblouir par le miroir aux alouettes !
Mais regarder la comparaison comme un cadeau sert :
- à comprendre ce que nous voulons,
- à développer notre vision pour motiver notre propre progression et nourrir notre propre croissance.
Aidons Anna à jeter le jugement de valeur qui enrobe la comparaison, pour s’intéresser plutôt à ce qu’elle se raconte sur elle, sur ses capacités, sur ce qui lui fait envie et qu’elle pense ne pas avoir.
Partout où nous nous comparons, nous avons l’opportunité d’enrichir notre vision : ce que nous voulons pour nous, dans chaque domaine de notre vie.
- Comment je veux me sentir dans mon corps et avec moi-même ?
- A quelle qualité de vie, d’expérience, de relation j’aspire dans mon quotidien ?
- Qu’est-ce qui me manque aujourd’hui pour le créer ?
Le bénéfice quand nous dépassons le palier de l’envie et de la jalousie, est que l’inspiration s’offre à nous.
‘Nos concurrents’ ont le potentiel de nous servir d’inspirateurs ou d’émulateurs.
Passons à l'action
Mettons notre peur en retrait et questionnons.
Oublions les remarques assassines :
« Non, mais tu as vu ta dégaine ? » ; « Arrête, cette fille va te faire du mal. » ; « Tu es tellement influençable ! » ; « Redescends sur terre, cette vie là n’est pas pour toi. »
Aidons plutôt notre fille/fils à chercher ce qui la/le fascine dans le comportement de l’autre. L’enfant se centrera alors sur ce qu’elle/il veut très personnellement, ce qu’elle/il fait et comment elle/il le fait. C’est le moyen de découvrir petit à petit ce qui fait sa force.
Aidons-la/le à identifier :
- En quoi elle pense qu’elle n’est pas assez ?
- Qu’est-ce qui lui faudrait pour penser qu’elle/il est assez ?
- Qu’est-ce que ça changerait et ne changerait pas ?
- Comment pourrait-elle/il faire évoluer sa situation ?
- Comment pourrait-elle/il investir sa situation différemment ?
- Comment pourrait-elle/il vivre ce qu’elle/il a envie de vivre dans sa vie, à sa façon et en fonction de là où elle/il en est ?
- Qu’a-t-elle/il envie de développer ?
Mieux se connaitre et comprendre que la personnalité est en permanente évolution est un sujet profond qui permet de faire sauter de nombreuses croyances qui limitent notre croissance.
Faites lui ce cadeau !
Pour résumer
5 étapes pour s'en rendre compte :
1/ Comprendre pourquoi le cerveau se compare.
2/ Saisir ce qu'est une relation de qualité.
3/ Se soutenir soi-même inconditionnellement.
4/ Vibrer qui nous sommes vraiment.
5/ Transformer la comparaison en inspiration.
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Intention
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- La fascination d'Anna, 13 ans.
- Quels étapes pour avancer sur son positionnement par rapport aux autres ?
- 1/ Pourquoi le cerveau d'Anna fait-il cela ?
- 2/ Qu'est-ce qui fait la qualité d'une relation ?
- 3/ S'assurer un auto-soutien indéfectible
- 4/ Vibrer qui nous sommes vraiment
- 5/ Mettre à profit ce phénomène de comparaison pour toucher l'inspiration
- Passons à l'action
- Résumé
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- Ressources
Suradaptation
Adaptation
En philosophie et en psychologie, c’est la modification des fonctions psychiques de l’individu qui, sans altérer sa nature, le rendent apte à vivre en harmonie avec les nouvelles données de son milieu ou un nouveau milieu
d’après le CNRTL
Sur-adaptation
Le préfixe sur- désigne ici une phase secondaire, qui dépasse le procès initial.
Nous déciderons que dans cet article ‘suradaptation’ est pris au sens de modification des fonctions psychiques de l’individu qui le rendent apte à vivre avec les nouvelles données de son milieu ou un nouveau milieu, mais avec une altération de sa nature.
Comparaison
Définition
Acte intellectuel consistant à rapprocher deux ou plusieurs animés, inanimés concrets ou abstraits de même nature pour mettre en évidence leurs ressemblances et leurs différences.
d’après le CNRTL
Psychologiquement
Phénomène qui consiste à observer une autre personne que nous.
Opérer mentalement une évaluation relative de certaines caractéristiques entre cette personne et moi.
Ce que je perçois par rapport à moi.
Qui est
Annelise Aubriot ?
Annelise Aubriot amène les jeunes à jouer avec les merveilleuses possibilités de leur cerveau afin de les accompagner sur le chemin de l’autonomie affective et du plaisir d’apprendre.
Grâce à son blog et son podcast ‘Clefs d’Avenir’, elle partage chaque semaine des outils, pour comprendre et utiliser les mécanismes cognitifs, dont parents et jeunes se saisissent pour créer une scolarité plus inspirante et épanouissante.
Pour aller plus loin - Ressources
Grâce à son blog et aux réseaux sociaux, elle partage chaque semaine des outils, pour comprendre et utiliser les mécanismes cognitifs, dont parents et jeunes se saisissent pour créer une scolarité plus inspirante et épanouissante