Comment mettre à profit sa sensibilité ?
Vous arrive-t-il de sentir que votre journée déraille à cause
d’une remarque d’un professeur, d’un incident malheureux, d’une discussion un peu tendue avec une amie ?
Ensuite, impossible de passer à autre chose, vous ruminez. Cela vous entête. Cela peut gâcher votre nuit et même une amitié.
Et pourtant, vous aimeriez être légère, prendre de la distance, balayer ce qui s’est passé d’un revers de main pour vous concentrer sur ce qui compte vraiment. Passez à la suite.
Cheminement de l'article
Et si les autres n'avaient rien à voir avec comment je me sens ?
La télécommande de mes émotions.
Au fond, c’est comme si l’autre personne avait en main, la télécommande de notre bien-être émotionnel. Il suffit qu’elle appuie sur la touche rouge pour nous mettre en colère. Elle presse la touche bleu et c’est la mélancolie ; la touche jaune et vous vous sentez mieux.
Et bien l’Indépendance Affective, c’est reprendre en main notre propre télécommande, nos émotions.
J’atteins l'Indépendance Affective quand je prends en charge à 100% la responsabilité de mes émotions :
* Je ne dépends pas des autres pour me sentir bien,
* Je ne donne pas aux autres le pouvoir de me faire sentir mal,
* Je décide de ma couleur émotionnelle quelle que soit la circonstance.
Or dans bien des situations, nous avons l’habitude de nous sentir bien ou mal dépendamment de ce qui nous arrive. Car il est courant de PENSER que les circonstances sont directement responsables de nos émotions et en particulier le comportement des autres.
Nos sociétés utilisent couramment des expressions qui nous maintiennent dans l’erreur :
« Tu m’énerves ! » ; « Ce que tu as dis m’a profondément blessé. » ; « Cet examen est stressant. » ; « Cette nouvelle est si triste. » ; « Ce professeur m’ennuie. »
Comme s’il était inéluctable de se sentir ainsi dans ces conditions.
Un principe simple qui change la vie.
L’indépendance affective est un principe aussi puissant et qu’indispensable pour reprendre la main sur les montagnes russes de nos émotions.
Pour moi, ce fût une révélation alors que j’ai dû dealer avec mes intenses émotions, tellement de fois … J’ai eu du mal à le croire au début : C’est si simple et personne ne me l’avait expliqué avant ?
S’approprier le concept d’indépendance émotionnelle se fait en 3 étapes :
- Comprendre le mécanisme émotionnel de l’être humain,
- Prendre conscience de ce mécanisme affectif dans nos propres expériences de vie,
- Assumer la responsabilité de notre sphère émotionnelle pour en faire un outil plutôt qu’un fardeau.
1/ Le mécanisme émotionnel
Le mécanisme émotionnel est un sujet passionnant qui demande un billet à lui tout seul !
Approchons cependant pour en comprendre les tenants et les aboutissants.
- Circonstance
Toutes les circonstances sont neutres, dénuées de tout jugement. Elles portent autant de positif que de négatif. Elles n’existent ni pour nous valoriser, ni pour nous enfoncer.
Les circonstances extérieures, les personnes qui nous entourent, ce qu’elles font ou ne font pas ne créent pas les émotions que nous ressentons.
- Pensée
- Ressenti
- Action
Choisir ce que nous en pensons, c'est choisir comment les situations nous impactent émotionnellement.
Prenons l’exemple de quelqu’un qui parle de nous derrière notre dos :
- Nous pouvons décider que cette personne est perverse et qu’elle nous cause bien du souci. Nous nous sentirons inquiets, stressés.
- Nous pouvons décider qu’elle a vraiment un problème pour se comporter ainsi et que de toute façon nos actes parlent positivement d’eux-mêmes. Nous nous sentirons vigilants mais confiants.
Lequel de ces deux carburants est de meilleur qualité ?
2/ Et concrètement ?
Une fois cette compréhension du mécanisme émotionnel intégrée, nous pouvons l’emmener partout avec nous et dans toutes les situations de notre vie.
Pour pouvoir nous connecter à notre expérience émotionnelle, à tout moment, nous faisons un pas de côté pour ouvrir notre espace intérieur de conscience pour nous interroger :
- Dans cette situation, c'est parce que je suis en train de penser ... que je ressens ...
- Est-ce okay pour moi ?
Nous verrons que les jugements ne sont pas forcément à proscrire car ils fournissent une information incroyablement précieuse : « Que dit ce jugement à propos de mon besoin ? »
Mais ça, c’est encore une autre étape !
Que suis-je vraiment en train de vivre ?
Supposons que je sois élève et que je me retrouve à faire une partie particulièrement complexe du devoir, comparé à ce qu’est sensé faire mon binôme.
Je me dis : « C’est toujours moi qui récolte le travail le plus complexe. »
Qu’est-ce que je ressens précisément ? – peut-être du dégoût, du désespoir, de la solitude.
Est-ce de la faute de mon binôme ? – Non, mon binôme paraissait perdu, j’ai proposé de faire cette partie, parce qu’au fond je sais que j’ai de la ressource.
3/ Prendre la responsabilité de ma sphère émotionnelle
Posons-nous alors des questions plus fines et plus utiles pour faire évoluer les situations.
- Cette émotion correspond-elle à la réaction émotionnelle que j’ai envie d’avoir dans cette situation ?
Commencer par accueillir nos ressentis, puis les examiner pour les comprendre permet de faire le tri entre les émotions qui nous paraissent judicieuses et celles qui n’ont pas besoin d’aller plus loin.
Parfois, nous nous rendons compte qu’en réalité cette émotion-là ne correspond pas bien à la réaction que nous estimons adéquat ou proportionnée ou utile.
Ne plus rendre les autres ou les éléments extérieurs à nous responsables des émotions que nous ressentons ou ne ressentons pas équivaut à récupérer la télécommande de notre vie.
Le ressentiment fait alors la place au ‘mode solution’ parce que le pouvoir revient entre nos mains.
Affranchir les autres de toutes responsabilités dans les émotions que nous ressentons ne veut pas dire accepter tout et n’importe quoi. Il faudra apprendre à poser des limites car ils restent responsables de leurs actions.
N'y a-t-il pas une autre option que la victimisation ?
Dans l’exemple plus haut, je me disais : « C’est toujours moi qui récolte le travail le plus complexe. »
Est-ce toujours vrai ? – ok c’est une généralisation, il y a des cas où ce n’est pas vrai.
Au fond, qu’est-ce que j’y gagne ? – que le boulot soit fait comme je l’entends.
Qu’est-ce qui est si important pour moi que j’ai accepté cette situation ? – Ma note sera moins aléatoire car elle ne dépendra pas de quelqu’un d’autre.
Pourtant je me sens mal. De quoi ai-je besoin alors ? – Maîtriser la situation et de considération.
Y-a-t-il d’autres façons de faire ? – Accompagner mon binôme en lui enseignant comment faire, et la prochaine fois j’aurai plus confiance.
Finalement ai-je personnellement choisi de le faire ? – Oui, au fond j’ai choisi pour de parier sur moi pour une bonne note.
Passons à l'action
Defi / Challenge
Comprendre est un début mais n’est pas suffisant. Ce qui est important c’est la mise en pratique !
Alors à chaque ressenti, interrogeons-nous avec bonne foi et découvrons ce qui se passe en coulisse de notre émotion.
Et souvenez-vous que c’est vous, et personne d’autre, qui appuyez sur le bouton de l’ascenseur émotionnel !
Pour Résumer
1/ Comprendre le mécanisme des émotions,
2/ Observer l'émotion et sa pensée génératrice dans nos propres situations de vie,
3/ Décider de prendre la responsabilité de nos ressentis.
Entrainement
Partagez avec nous, en commentaire, les incroyables découvertes et changements que vous faites au quotidien à partir du moment où vous portez votre attention sur le lien pensée-émotion.
Si vous connaissez quelqu’un qui se plaint d’être bien trop sensible, voire hypersensible, n’hésitez pas à partager cet article avec lui/elle. Cela lui offrira une belle opportunité d’ouvrir son champ des possibles.
Intention
Offrir un éclairage qui nous libère des chaines que créent nos émotions.
Non, les émotions ne tombent pas du ciel.
Et non, la sensibilité n’est pas une fatalité.
Oui, la sensibilité peu devenir une force.
Et oui, apprivoiser ses émotions, ça s’apprend !
Sensibilité Affective
Dans le domaine affectif, la sensibilité est « la faculté de ressentir profondément des impressions, d’éprouver des sentiments, de vivre une vie affective intense ».
d’après le CNRTL
Indépendance Affective
Indépendance
Relation, état de non-dépendance.
Fait de jouir d’une entière autonomie à l’égard de quelqu’un ou de quelque chose.
Fait de s’affranchir de toute tutelle.
d’après le CNRTL
Affectif
Qui concerne les sentiments, les émotions.
Indépendance Affective
C’est le fait de s’affranchir de toute tutelle relative aux sentiments et aux émotions.
Au fond, c’est comprendre et utiliser le fait que notre bonheur ou notre malheur ne dépendent aucunement ni des situations, ni des autres, mais du champ de notre propre pensée.
Qui est
Annelise ?
Annelise amène les jeunes à jouer avec les merveilleuses possibilités de leur cerveau afin de les accompagner sur le chemin de l’autonomie affective et du plaisir d’apprendre.
Grâce à son blog et son podcast ‘Clefs d’Avenir’, elle partage chaque semaine des outils, pour comprendre et utiliser les mécanismes cognitifs, dont parents et jeunes se saisissent pour créer une scolarité plus inspirante et épanouissante.
Pour aller plus loin - Ressources
- Livre - Les compétences émotionnelles par Moïra Mikolajczak, Jordi Quoidbach, Ilios Kotsou, Delphine Nélis
- Podcast - Ep #25: Emotional Adulthood par Brooke Castillo
- Podcast - (008) L'indépendance émotionnelle par Clotilde Dusoulier
- Podcast - #5 - L'indépendance émotionnelle par Esther Taillifet